Imaginaire·Littérature de l'étrange·Littérature Noire

Les Dangers de fumer au lit, Mariana Enriquez, Editions du sous-sol

Une petite fille déterre des os dans un jardin, une femme développe des fantasmes sexuels autour du coeur d’un homme cardiaque, le fantôme d’un bébé erre en décomposition, deux jeunes fans dévorent une rockstar suicidée, des enfants disparus réapparaissent des années plus tard sans avoir grandi, une séance de spiritisme tourne au cauchemar Peuplées d’adolescents rebelles, d’étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce livre manient avec brio les codes de l’horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d’une grande tendresse envers ses personnages, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abimes les plus profondes de l’âme humaine, explorant de son écriture à l’extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, des obsessions. Éditions du sous-sol janvier 2023, traduit par Anne Plantagenet

꧁ Reine des Ténèbres ꧂

Je suis comblée en ce début d’année 2023 ! Quel plaisir de retrouver Mariana Enriquez dans ses douze histoires !

J’avais été subjuguée par Notre part de nuit, un roman ambitieux, dense et ensorcelant. Quand je lis Mariana Enriquez je sais qu’il faut que je m’affranchisse de tous les codes habituels, son écriture est crue, dérangeante, métaphorique et sombre, très sombre.

Dans Les Dangers de fumer au lit, on retrouve l’univers si particulier de l’auteure. En douze histoires, pas toutes égales c’est vrai, elle convoque encore une fois des personnages tourmentés, terrifiés, là où l’horreur se présente quand on ne l’attend pas.

Pour chacun de ses personnages féminins, chaque nouvelle sonne comme une mise en garde, le sexe et la mort sont très présents, on ressent ce qu’elle veut faire passer, on comprend le mal dont elle parle et dont elle veut les protéger.

On ne peut pas rester indifférent devant le talent de Mariana Enriquez, elle fait partie de ces auteurs qui savent s’amuser avec l’imaginaire et l’ésotérisme, des genres qui ont toujours servi les plumes et les esprits les plus talentueux et les plus tourmentés.

Et on aurait tort de prendre chacune de ces histoires qu’au seul degré de l’horreur, à l’instar de Notre part de nuit, elle livre aussi une profonde critique sociale de l’Argentine, c’est ce qui est un des fils conducteurs de ses livres.

Ne lisez pas ces histoires pour leur chute, ni pour une quelconque construction alambiquée, vous seriez déçus, personnellement j’ai pris chacune d’elles comme des petites incitations à entrer dans les esprits les plus fragiles et des plus obscurs.

Alors, oui l’univers de Mariana est aussi lumineux dans son écriture qu’il est noir, sordide dans ce qu’elle raconte, et c’est souvent fort dérangeant.

Brillant.

Mes histoires préférées de ce recueil :

Où es-tu mon cœur ?
Les petits revenants.
Quand on parlait avec les morts. L’exhumation d’Angelita.

Celle que j’ai le moins aimé : Le Caddie.

Je remercie chaleureusement la Masse critique Babelio et les éditions du sous-sol pour cette lecture !

NOTRE PART DE NUIT,Mariana Enriquez, éditions du Sous Sol

5 commentaires sur “Les Dangers de fumer au lit, Mariana Enriquez, Editions du sous-sol

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