L’ÉNIGME DE LA STUGA, Camilla GREBE, Calmann-Lévy Noir

UNE VOIX QUI COMPTE

Retrouver Camilla Grebe chaque année est un plaisir renouvelé qui ne faiblit pas, je n’ai jamais été déçue bien au contraire. J’ai savouré ce sixième polar avec autant d’enthousiasme que les précédents. Du bonheur en barre !

Depuis L’Ombre de la baleine et aussi L’Archipel des Larmes Camilla GREBE oscille entre le cold-case et le drame familial ce qui fait qu’on entre en connexion totale avec les personnages dès les premières pages.

L’Enigme de la stuga nous invite à résoudre une enquête restée en suspens pendant 8 ans. L’affaire va être relancée par Manfred, quand Lykke éditrice et femme d’un auteur célèbre se retrouve en détention provisoire, et demande expressément à lui parler. Manfred a eu en charge l’enquête du meurtre de Bonnie, il connaît donc parfaitement les détails et les zones d’ombre de la détention de David et Harry qui ont toujours nié être les coupables. Alors qui est l’auteur de ce crime alors que la stuga était fermée de l’intérieur ?

Il va falloir résoudre cette enquête d’il y a 8 ans qui nous rappelle les célèbres huis clos verrouillés de l’intérieur. Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Et surtout qu’est-ce qui a amené Lykke à se retrouver en détention face à Manfred 8 ans après le drame ?

Deux enquêtes qui s’entremêlent, Lykke et Manfred qui nous racontent à rebours les événements jusqu’à nous amener au point final.

L’énigme de la stuga se dévore !

La construction donne envie de passer aux chapitres suivants, les détails de l’enquête sont vite assimilés, les personnalités se révèlent et de nombreux doutes émaillent l’intrigue. Camilla Grebe fait preuve encore une fois d’un classicisme assumé, tout en faisant l’éloge des énigmes à huis clos en mêlant le puzzle littéraire et le drame familial qui pimente l’intrigue.

Elle est une voix qui compte dans le polar suédois, une voix sans fard et résolument engagée, qui n’hésite pas à égratigner, à prendre position. Dans L’Enigme de la stuga, on baigne aussi en partie dans le milieu de l’édition, entre les auteurs en panne d’inspiration et les éditeurs peu scrupuleux autant vous dire qu’on est loin de la complaisance et qu’en même temps cela nous pousse à nous interroger sur les nombreuses facettes du métier.

Loin d’user des ingrédients habituels du polar nordique, de ses atmosphères froides et neigeuses, elle densifie, elle décortique, elle manipule aussi parfois, mais surtout elle crédibilise (jusqu’à la fin) suffisamment ses intrigues pour en faire des polars à savourer en quelques heures. L’Enigme de la stuga en est le parfait exemple.

À lire sans modération.

Le contraire de la vérité, c’est le récit parfait au plan dramaturgique – rien dans la réalité ne suit la même logique que dans la fiction. La réalité n’est jamais aussi passionnante, fascinante, exaltante. () l’unique chemin de la vérité-la réalité véritable- passe par un chapelet de mensonge.