Polar/thriller

Le Silence de la ville blanche, Eva García Saenz de Urturi, Editions Fleuve Noir, le phénomène du polar espagnol !

Un des meilleurs polars de l’année !

Résumé : Dans la cathédrale de Sainte-Marie à Vitoria, un homme et une femme d’une vingtaine d’années sont retrouvés assassinés, dans une scénographie macabre : ils sont nus et se tiennent la joue dans un geste amoureux alors que les deux victimes ne se connaissaient pas. Détail encore plus terrifiant : l’autopsie montrera que leur mort a été provoquée par des abeilles mises dans leur bouche. L’ensemble laisse croire qu’il existe un lien avec une série de crimes qui terrorisaient la ville vingt ans auparavant. Sauf que l’auteur de ces actes, jadis membre apprécié de la communauté de Vitoria, est toujours derrière les barreaux. Sa libération conditionnelle étant imminente, qui est le responsable de ces nouveaux meurtres et quel est vraiment son but ? Une certitude, l’inspecteur Unai López de Ayala, surnommé Kraken, va découvrir au cours de cette enquête un tout autre visage de la ville.

On m’avait vivement conseillé Eva García Saenz de Urturi lors de ma découverte de Dolorès Redondo et sa trilogie du Baztan, j’attendais Le Silence de la ville blanche avec impatience, il était impossible que je passe à coté de ce polar, un véritable phénomène en Espagne.

Incontestablement un des meilleurs polars de l’année ! On est à Vitoria en août 2016, l’inspecteur Ayala nous raconte les événements qui se sont déroulés quelques jours plus tôt dès le 24 juillet, quand sa collègue Estibaliz lui demande de la rejoindre à la Vieille Cathédrale : deux corps ont été découverts, un jeune homme et une jeune femme, leurs mains posées sur la joue de l’autre, clou du spectacle : des abeilles ont été enfermées dans leur bouche. La mise en scène rappelle ce qui avait déjà été le théâtre d’une série de crimes 20 ans plus tôt à Vitoria, le jeune âge des victimes espacés de 5 ans à chaque fois, avait traumatisé la population.
On connaît l’auteur des crimes de l’époque, Tazio Ortiz de Zárate figure emblématique et médiatique de la ville, son arrestation avait évidemment provoquer l’effroi et l’incompréhension dans la population de Vitoria .
Voilà l’affaire à l’origine de la carrière de l’inspecteur Ayala « Kraken » obsédé au point de se spécialiser en profilage criminel. Je n’en dévoilerai pas beaucoup plus parce que tout ce qui m’a séduite dans cette intrigue où le Pays basque est à l’honneur, c’est justement ce déroulé des faits précis, car cette enquête vertigineuse se déploie sur plus de 500 pages qu’on ne voit pas passer sous tension latente entre Tazio qui sera bientôt libre et l’inspecteur Ayala et les nombreuses découvertes dans la traque d’un esprit retors, une enquête plus complexe qu’il n’y parait.

Il y a dans Le silence de la ville blanche des secrets, beaucoup de secrets, et leurs parts d’obscurité nous replongent en alternance dans l’histoire de la communauté de Vitoria dans les années 1970, une partie poignante qui amène ce supplément d’âme au récit et plus on a l’impression que l’intrigue se resserre, plus l’auteure dévoile astucieusement de nombreuses cartes dont celle du polar traditionnel ancré dans la culture espagnole et ses valeurs ; la transmission familiale, l’importance de ceux qui nous entourent par ce personnage clé, mystérieux, la bienveillance et la protection de ce roman. Et bien évidemment ce qui fait le sel de cette intrigue, la région natale de l’auteure, le Pays basque qui nous envoûte par ses traditions, son ambiance mystique, la symbolique utilisée de l’eguzki-lore  » la fleur-soleil. Le Pays basque m’est presque « familier », longtemps, j’ai cru qu’il me fallait partir plus loin pour être dépaysée dans mes lectures, quelle hérésie ! Moi qui redoute toujours le manque de décor et de densité dans un thriller, j’ai été comblée, c’est bien fait et très bien écrit. J’ai refermé ce livre à contrecœur, en plus d’avoir été à la hauteur de mes espérances, il confirme vraiment ma nouvelle passion pour le polar espagnol que j’avais complètement négligé et certains n’ont qu’à bien se tenir, car il est de grande qualité narrative. De l’enquête, un tueur redoutable, une fine psychologie, le sens des valeurs et d’une culture, bref ce polar est à lire absolument !

Je vais d’ailleurs très vite combler mes lacunes, retrouver cette culture prochainement, mais en attendant lisez Le silence de la ville blanche de Eva García Saenz de Urturi, réservez-lui le meilleur accueil possible, il est le premier tome d’une trilogie et autant vous dire que je vais me précipiter sur les prochains sans hésitation !

Le silence de la ville blanche, Eva García Saenz de Urturi, traduit par Judith Vernant.
Fleuve Noir éditions que je remercie infiniment pour leur confiance, septembre 2020

Extrait prologue page 14 : Comme je l’ai dit, j’ai pris une balle dans cervelle. Mais peut-être devrais-je donner plus de détails sur ce qu’on a d’abord appelé  » le double meurtre du Dolmen », et qui s’est finalement transformé en un massacre programmé, au fil des ans, par un esprit au QI bien supérieur à celui de tous ceux qui ont tenté de l’arrêter. Quand celui qui se met à tuer à la chaîne est un putain de génie, il n’y a plus qu’à prier pour ne pas tirer le mauvais numéro

4 commentaires sur “Le Silence de la ville blanche, Eva García Saenz de Urturi, Editions Fleuve Noir, le phénomène du polar espagnol !

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