Parmi les publications d’un auteur il y a celle, qui marquera fortement les esprits, LE ROMAN qui façonnera, parfois malgré lui, sa réputation, son registre, et cela commence dès que l’on sort du cercle de ses fidèles lecteurs.
Incontestablement Louise Mey vient de passer ce cap. Jusque-là, ses romans étaient le reflet d’une personnalité discrète et engagée, la communication autour sur ses ouvrages était plutôt sobre.
Il y a maintenant un avant et un après La deuxième femme.
J’ai rencontré sa plume et son style avec Les Ravagé(e)s et Embruns (deux romans très différents !) elle s’empare de sujets réels et importants dans la société actuelle. Dans ses polars sociologiques, sa prise de position est sans ambiguïté. Ce registre lui va à merveille, parce qu’elle est percutante et sans filtre.
Louise Mey ne fait pas du Louise Mey pour entrer dans une case, elle a un esprit affûté, sa psychologie, travaillée, millimétrée colle au plus près de la réalité, ses polars SONT LA RÉALITÉ.
Les Ravag(é)s m’avait bluffée par sa précision, son dernier roman (2018) Les Hordes Invisibles, débutait par une logorrhée de violences verbales, des mots crus, cruels, à la chaîne, un triste constat sur la violence des réseaux sociaux.
La deuxième femme est différent de ses précédents romans, parce qu’il est incarné par une personnalité effacée, incapable de se foutre la paix ; Sandrine. Je ne vais pas faire de redite du résumé, ni vous raconter toute l’histoire, il y a de la de densité et une profondeur dans l’écriture en ce qui concerne Sandrine dans son développement psychologique, et c’est, cette exigeante structure narrative, cette tonalité qui entretient une mise en tension quasi permanente.
Il est vrai que j’ai parfois regretté de devoir « trop » m’accrocher au style décapant et déstabilisant, mais Sandrine nous conditionne, la rencontre qu’elle provoque avec Mr Langlois, L’HOMME QUI PLEURE laisse entrevoir beaucoup de chose.
Et quand on apprend que la première femme de Mr Langlois, disparue du jour au lendemain, réapparaît amnésique à l’écran en plein journal télévisé, la situation devient alors lourde et pesante. C’est le flou total, on ne sait plus trop dans quel état d’esprit on va basculer et quelle carte l’auteure a décidé de jouer.
Parce qu’entre la première et la deuxième femme c’est l’histoire d’une place à prendre, à garder, à rendre, à fuir. « C’est pas comme ça que ça marche, donner c’est donner, qui va à la chasse perd sa place ».
Finalement, ce n’est pas tant la thématique qui de toute façon se devine très vite qui est importante, mais la substance de l’écriture ; même si je sais à peu près ce qui m’attend, j’essaie de prendre du recul, de me blinder, mais lorsque Louise Mey devient imprévisible dans le choix de l’histoire, chaque mot et chaque situation que vit Sandrine ne présagent rien de bon, et ça c’est une autre histoire qu’un simple roman psychologique.
La Deuxième Femme est psychologiquement et viscéralement un bon cran au-dessus de ses précédents romans, l’auteure avec son style persuasif et méthodique nous plonge directement dans un processus égal à ce qu’elle dénonce, en s’apprivoisant lentement, il nous séduit et nous domine dangereusement.
Avec La deuxième femme, on oscille entre l’angoisse et l’espoir.
D’aucuns diront que ce n’est que de la fiction, pourtant Louise Mey s’appuie bien sur la réalité, une source d’inspiration malheureusement inépuisable.
Un livre et surtout une auteure que je recommande les yeux fermés.
La deuxième femme, Louise Mey-Editions Le Masque, janvier 2019
Résumé
Sandrine ne s’aime pas. Elle trouve son corps trop gros, son visage trop fade. Timide, mal à l’aise, elle bafouille quand on hausse la voix, reste muette durant les déjeuners entre collègues. Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte, et Sandrine, discrète, aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d’abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule.
Tu en parles trop bien pour ne pas le noter 💖💖💖
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Sans ton avis, je ne me serais pas penchée sur ce roman qui a l’air pourtant puissant ! Merci pour la découverte.
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