Fantastique·Imaginaire·Littérature de l'étrange

Une Cosmologie de Monstres, Shaun HAMILL- Albin Michel Imaginaire

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« Je pense que le fantastique est le genre littéraire le plus important du monde »

« Dans Une Cosmologie de monstres, Shaun Hamill allie brillamment les univers angoissants de H.P. Lovecraft avec l’histoire contemporaine d’une famille menacée de destruction par des forces surnaturelles. Il réussit son coup, parce que ces braves gens pourraient être nos voisins. L’horreur ne fonctionne que lorsque nous nous attachons aux personnes concernées  ; nous nous attachons aux Turner, et leurs cauchemars deviennent les nôtres. La prose de Hamill est sobre, tout simplement belle. Voilà à quoi ressemblerait un roman d’horreur signé John Irving.
J’ai adoré ce livre, et je pense qu’il vous plaira aussi. » Stephen King

La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d’un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres. Est-ce le leur ou est-ce le nôtre ?


Extrait (premières lignes de l’histoire)

Je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma sœur Eunice à l’âge de sept ans. Je n’en ai jeté aucune, je les garde dans un pince-notes noir rangé dans le tiroir du bas de mon bureau.  À part ça, on ne m’a plus permis d’emporter grand chose. Je les ai souvent relues ces dernières mois, en quête de réconfort, de sagesse, ou simplement d’une confirmation que j’ai fait le bon choix, pour nous tous.
Quand Eunice a découvert que je les conservais, elle  a préféré me les adresser directement. Dans l’une de mes favorites, elle écrit : Noah, un dénouement heureux, ça n’existe pas. Il n’y a que des belles escales.


Après beaucoup d’hésitation, j’ai succombé à Une Cosmologie de Monstres de Shaun Hamill, ma dernière tentative dans la collection Albin Michel Imaginaire s’étant soldée par une lecture mise en pause (Terminus de Tom Sweterlitsch, je reviendrai dessus plus tard) je redoutais une histoire alambiquée, une atmosphère exagérément fantasmagorique où la réalité peinerait à percer au milieu de créatures repoussantes. On en est très loin. C’est le style de littérature fantastique que j’affectionne parce que c’est une autre façon d’aborder des thèmes qui me sont chers et auxquels je peux être très sensible quand ils sont bien amenés.

Ce sont sept parties chronologiques racontées par Noah Turner qui composent Une Cosmologie de Monstres, on traverse les quarante-cinquante dernières années avec la nostalgie de la pop culture qui effleure notre esprit avec Noah Turner reprenant le fil de la vie de ses parents Harry et Margaret en préambule : leur rencontre, leurs prédispositions et leurs difficultés à entrer dans la vie de jeunes adultes. Tout part de leur différend en librairie, Harry le père est un grand lecteur de littérature fantastique, il pense qu’elle est la plus importante du monde, Margaret, elle, la considère comme un ramassis d’âneries pompeux, un tas de mensonges illisibles. Ensemble malgré leurs caractères, les attentes complètement différentes de la vie, ils vont mener un étrange projet, la construction d’une maison hantée qui deviendra l’animation centrale de la communauté de Vandergriff à Halloween.

Je m’arrête là, je ne sais pas trop situer la barrière entre la découverte des événements et le spoil dans ce registre littéraire. Et puis, il ne se passe pas forcément grand chose chez les Turner en tout cas, pas à toutes les pages, ce qui ne m’a d’ailleurs pas dérangée parce que l’auteur maîtrise son style et possède l’art de vous accaparer dès les premières pages dans un univers sombre et angoissant savamment distillé…Petite anecdote qui le prouve et qui a toute son importance : j’ai pu lire les premiers chapitres disponibles sur une plateforme de vente en ligne, j’ai ressenti comme un manque évident, assez fort parce que je n’avais pas le livre sous la main, en à peine trente pages, j’étais conditionnée à l’ambiance familiale qui allait envelopper la famille Turner, Harry, Margaret, Eunice, Sydney et Noah, tous avec leur personnalité, leur fragilité, leurs tourments, me manquaient. Le lendemain j’étais en librairie pour me procurer le roman. 😉

Shaun Hamill possède une plume sobre, limpide et remarquable Une Cosmologie de Monstres fait la part belle au fantastique en référence à Lovecraft, mais emprunte aussi une tonalité mélancolique similaire à La maison hantée de Shirley Jackson et mène de manière habile et subtile l’allégorie comme Patrick Ness dans Quelques minutes après minuit, il était évident que j’allais être réceptive à ce qui fait écho tout au long du roman « une douleur sourde qui ne vous quitte jamais ».

Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’avoir lu ces références pour apprécier l’ouvrage de Shaun Hamill, même si elles ne peuvent que développer davantage notre affection envers les Turner.
À moins d’avoir vécu dans un monde aseptisé, la charge émotionnelle de ce roman se manifeste lentement, mais on la sent passer par les multiples questions qui s’imposent à nous lorsque la famille commence à perdre un de ses piliers, lorsqu’elle est sous la coupe d’un mal qui la ronge, la signification du monstre sera alors omniprésente…

De mon point de vue, il fait partie de ces ouvrages qui démontrent que la littérature fantastique est un genre où la transmission et les allégories de la peur, des chagrins et des angoisses permanentes sont certainement les moments les plus frémissants de l’histoire lorsqu’ils frôlent la réalité.

UNE COSMOLOGIE DE MONSTRES, Shaun Hamill
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Benoit DOMIS,
Couverture : Aurélien Police

Albin Michel Imaginaire, octobre 2019

 

 

 

17 commentaires sur “Une Cosmologie de Monstres, Shaun HAMILL- Albin Michel Imaginaire

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