DERRIÈRE CHAQUE PARADIS, IL Y A UN ENFER. BIENVENUE EN POLYNÉSIE !
Résumé :
Dans la région de Moorea, les eaux calmes et bleues bercent quelques voiliers tranquilles. Les palmes des cocotiers dansent au vent. Les boutons de tiaré exhalent leur subtil parfum. pourtant, à l’abri de la forêt, de hautes flammes se fraient un chemin vers le ciel. Lilith Tereia, jeune photographe, tourne son appareil vers le brasier. Devant son objectif, des bras, des jambes, des troncs se consument. Et, au sommet du bûcher, quatre têtes.
Pour quels dieux peut-on faire aujourd’hui de tels sacrifices ? Avec Maema, journaliste à la Dépêche, le quotidien de Tahiti, Lilith est happée dans le tourbillon de l’enquête. Les deux vahinés découvriront bientôt le mal, la folie, et croiseront le chemin d’un homme venu de France chercher une autre vie à Tahiti. Un homme qui tutoie la mort.
LE BÛCHER DE MOOREA un polar en nuance « noir azur ».
Une ambiance bleu nuit, bleu noir, car derrière chaque paradis, il y a un enfer.
Bienvenue en Polynésie dans ce polar hautement maîtrisé !
Quitter les ambiances et les paysages glacials des polars nordiques, pour m’envoler à Tahiti, rencontrer l’écriture de Patrice GUIRAO, auteur et parolier qui ne quitte plus cette île depuis ses 14 ans !
Force est de constater que l’histoire possède une certaine épaisseur grâce aux personnages.
Comme avec ce serial-killer sans scrupule, sans remords :
Nael n’aimait pas les êtres cléments, serviables, compatissants et bienveillants. Les individus prévenants, sages, altruistes, secourables, charitables…Toute cette engeance qui grouille comme des cafards sur la moisissure des autres. A quoi passeraient-ils leur temps sans la misère de leurs semblables ? Chacun est là pour nourrir les névroses de son prochain. Nael, une serial-killer atypique que j’ai particulièrement adoré dès les premières pages !
Alors qu’habituellement je n’éprouve qu’une profonde antipathie, ce personnage cynique est l’atout numéro un de ce polar azur, lorsqu’il bute une petite vieille, il ne s’attend pas à découvrir chez elle ce qui le mènera à Tahiti tout droit à Lilith, une jeune femme à la personnalité bien campée, mais aux sentiments insondables face aux traumatismes de son enfance. Pleure, ma belle. Pleure. Les larmes sont comme des tempêtes : elles sont effrayantes mais elles purifient. Elles emportent avec elles la peur. Et avec la peur s’en va la souffrance. N’aie pas peur de tes amours. N’aie pas peur de les perdre. N’aie pas peur de les oublier ni d’en retrouver. Et si tu n’y arrives pas et que tout cela t’effraie : laisse partir tes peurs avec tes peines. () Tu sais les cimetières sont remplis de gens qui aimeraient bien pouvoir pleurer.
J’ai beaucoup apprécié ces situations, faites de rencontres surprenantes comme celle de Nael et de ce rat prénommé « Gaspard » ce qui pimente la lecture de dialogues plutôt cocasses, et rompt avec la monotonie d’une enquête ordinaire. Tout s’enchaîne dans ce périple macabre du Périgord à Tahiti qui se conjugue à la découverte de personnalités, de leurs aspérités, ainsi qu’une diversité culturelle différente et quasi absente de la littérature noire.
Je suis agréablement surprise par la découverte de ce roman noir, qui alterne un bon équilibre entre l’ambiance mystique, les paysages et les personnages bien brossés de l’île.
C’est justement les effluves de ce lieu paradisiaque qui garantissent une sensation de dépaysement omniprésente au cœur de cette noirceur !
Le petit + : Un vocabulaire local employé complètement assumé par l’auteur qui offre justement un manifeste à la fin de l’ouvrage dédié à cette nuance qu’est le « polar azur ».
En cette période estivale, Le BÛCHER DE MOOREA est assurément le polar à découvrir ! 😉
Extrait :
« Dans cette partie du monde, le mariage de l’écriture et de l’oralité donne naissance à une entité aussi puissante que la fusion de la musique et des mots. La littérature du Pacifique est un chant qui porte loin la voix des anciens pour ouvrir des voies à la jeunesse. Ce serait bien que le continent lui prête une oreille ».
LE BÛCHER DE MOOREA, PATRICE GUIRAO, LA BÊTE NOIRE, MAI 2019.
Je remercie chaleureusement la Bête Noire pour cette lecture !
Un polar différent ça fait du bien 🙂
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Il me tente bien ce livre.
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Il est superbe ! Et bien écrit !
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