De journaliste à romancière, il n’y avait qu’un pas, Cécile CABANAC l’a franchi avec une écriture soignée et incisive. Coup de coeur !
Il est facile de constater que mes lectures noires ont sensiblement un point commun, je lis beaucoup de femmes auteures dans la littérature noire. Prometteur et attrayant, Des poignards dans les sourires me semblait loin des polars actuels. Entre ce qui se dégage de ce titre, sa référence, l’auteure et l’atmosphère, ce polar était indéniablement dans mes choix de lectures.
Encore une fois, j’ai eu raison de me fier à mon fidèle instinct, j’ai complètement été absorbée par ce premier polar « chabrolien » de Cécile CABANAC, parce que c’est noir, dramatique et ancré dans une région d’apparence tranquille, mais aux paysages parfois inquiétants.
L’Auvergne, cette région atmosphérique loin des turbulences du 36, quai des Orfèvres et pourtant non dénuée de ses tourments fait souvent frémir plus d’un lecteur. La plume est au service de l’atmosphère qui possède certainement aussi une part d’influence dans mon état d’esprit lors de ma lecture.
Les secrets de famille sont un poids énorme pour celles qui les portent.
Les amateurs de polars ne cessent de le répéter, « ce qu’il nous faut c’est un mort * » pour reprendre un titre célèbre ! Et à quelle mort on assiste dès les premières pages ! François Renon n’est plus « Le corps sans vie de Francois Renon gît au milieu de ce qui fut sa cuisine ».
Dans la famille de François Renon, vous trouverez beaucoup de femmes. Elles sont les principales actrices de sa vie, et peut-être même de sa mort.
On est au cœur d’une nébuleuse histoire affaire de famille, on découvre progressivement quel homme a été François Renon, à travers ces femmes toutes plus suspectes les unes que les autres.
Catherine sa femme, son comportement, ses attitudes ; ses sœurs où le lien fraternel a été rompu par le culte disproportionné de leur mère à l’égard de leur frère.
Parallèlement, un tronc amputé de ses membres et de sa tête est retrouvé carbonisé au Col des Goules. On est en 2000, les moyens manquent et les techniques d’investigations prennent leur temps, le flair des enquêteurs est requis. L’identification est longue, en attendant Cécile Cabanac brosse différents portraits de femmes étranges, les suspicions vont bon train, jusque dans la date de la mort de François Renon… J’ai souri.
Il est évident que ce polar est maîtrisé, il adopte un parti clairement assumé et l’intrigue repose sur « qui et pourquoi ? » Chaque jour, j’avais hâte de savoir ce que la famille Renon me réservait. Quelles révélations, quelles humiliations, quels secrets remonteraient à la surface ? Devant quels sentiments de contradiction allais-je me trouver ? Le coupable d’hier est l’innocent de demain…
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire Des poignards et des sourires premier polar de Cécile Cabanac, beaucoup d’ingrédients que je recherche ceux que j’estime être l’essence même d’un bon polar sont réunis. De journaliste à romancière, il n’y avait qu’un pas, elle l’a franchi avec une belle écriture soignée et incisive quand il le faut. Elle nous offre une enquête précise, dans une ambiance lourde, parfois macabre, si proche du réel. Je vous recommande ce polar sombre sous bien des aspects.
Je remercie chaleureusement la masse critique Babélio et les Editions Fleuve Noir pour cette lecture.
« >Lien Babélio
Des poignards dans les sourires, Cécile Cabanac, Fleuve Noir, paru le 7 février 2019, 480 pages.
Résumé Editeur :
Avec ce huis clos provincial où les faux-semblants ont de beaux jours devant eux, Cécile Cabanac signe un premier polar chabrolien hautement maîtrisé.
Catherine Renon n’a plus vu son mari François depuis des jours et ne semble pas s’en émouvoir. Dans ce coin d’Auvergne où les rumeurs blessent et tuent, pas question de prêter le flanc à la calomnie. Et surtout pas à sa belle-mère, veuve solitaire qui voue à son fils un culte tout en démesure.
Virginie Sevran et Pierre Biolet, du SRPJ de Clermont-Ferrand, ont été appelés pour constater la présence d’un corps démembré et en partie brûlé au Col des Goules.
C’est la première enquête de Virginie depuis qu’elle a quitté le 36, quai des Orfèvres pour la province, à la stupéfaction de ses proches. Quant à Pierre, il observe sa nouvelle coéquipière d’un oeil à la fois bienveillant et inquiet. Qu’est-elle venue chercher ?
Quand l’enquête met un nom sur ce corps, celui de François Renon, les questions les plus folles surgissent, avec une seule certitude : tous les meurtriers possibles de ce fils de bonne famille sont autant de facettes d’une victime annoncée.
*Titre d’un livre de Hervé Commere
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